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Sexy Sushi : les Femen peuvent aller se rhabiller
Ce samedi soir au programme des Nuits Bota, il y avait Bass Drum of Death, Mujeres, The K, JC Satan … Et Sexy Sushi, en pleine tournée intergalactique « COUCOU TOI TOUR 2013 ».
Bien décidées à perdre toute dignité durant le concert-performance de ce dernier groupe, nous déboulons au Botanique sur les coups de 21h30.
Une heure et demi plus tard, après un ambiançage en bonne et due forme, nous apercevons une horde de mini Rebecca Warrior – qui pourtant n’en avaient pas l’air comme ça en sortant du métro – migrant massivement en direction du chapiteau. Pas de doute, il est 23h pétantes et Sexy Sushi en live, c’est maintenant !
Ouverture du set. La scène est habitée d’une énorme croix catho de bonne augure en ces tempsd’obscurantisme péri-hexagonal. Les lumières strobos n’inondent que très partiellement la salle –le fond étant baigné dans la sombritude la plus totale.
Mitch Silver, la mulette stoïque aux machines, Rebecca Warrior au micro, grimée de peinture bleue sur son mystérieux visage qui lance un dé’genre’ant « Salut, ça va les mecs ?! » et la présence d’un bourreau-victime en jupe et bonnet. Le ton est donné : les enfants spirituels de Gogol 1° sont bel et bien en place !
Valeurs et traditions
Le morceau J’aime mon pays , sorti en début d’année, est lancé. Il rend un hommage éponyme à peine voilé aux pourfendeurs réacs « anti » made in F’rance , qui se sont illustrés en nombre ces derniers temps.
Pas le temps de dire ouf que Rebecca, ayant oté son habit clérical drapé, laissant apparaître un t shirt DIY « PERTURBE », tendance King Ju de Stupeflip, lévite déjà dans le public. Le bourreau s’emploie à faire jaillir des étincelles à la meuleuse, façon Punish Yourself (que d’hommages !).
Le morceau se termine avec des incantations muslim « Allah Ouak Bar! » Le trio fini prosterné devant le public et la croix est jetée dans celui-ci. Amen.
Amitié franco-belge
Tout s’enchaîne sans répit. Le climax du concert arrive très vite, telle une éjaculation précoce : le morceau Sex Appeal incite la totalité des sexy Warriors à débarquer en masse sur scène topless et bizarrement, ça, ça dérange beaucoup moins la sécu ! C’est un gros bordel visuellement très agréable.
Rebecca, que l’on sent aussi quelque peu impressionnée par cette belle spontanéité lance un « Mais il y a beaucoup de jolies gendarmettes ici à Bruxelles ! » Puis elle se met aussi à l’aise pour lier connaissance – exit le t shirt crado – Elle enchaîne les « Hey, coucou toi ! » Le morceau est savamment pitché par un Mitch Silver imperturbable.
Punchline en épilogue du bazar : « A ce qui paraît, l’alcool rend intelligent, vous êtes sûrement tous super malins en Belgique! » Le public acquiesce de manière unanime, désaltéré par la sainte mère Jupiler.
La générosité
Autre morceau, autre nouveau jeu : un tattoo gratuit Sexy Sushi réalisé en direct sur scène est proposé à qui veut. C’est finalement ce brave bourreau-victime qui s’y colle, sous le pistolet-lampe frontale de Guillaume de la Boucherie Moderne, faisant fi des strobos et de tout élément pouvant perturber la finalité esthétique de l’œuvre.
L’incontournable J’encule, reprise de Gogol 1°, interprété charentaises de pain aux pieds et baguette en guise de micro – fierté du « français de souche réac » à dégommer. Le tout est balancé ensuite généreusement dans le public, tout comme d’autres aliments. Ne manquaient que le vin et le Boursin pour un bon repas complet.
On a encore la dalle!
Le concert prend pourtant fin assez vite, laissant tout ce beau monde encore sur sa faim, avide de hits attendus tels Je m’ennuie, Cheval ou encore T’enflamme pas . La belle négocie tant bien que mal un rappel avec l’orga. Deux morceaux en rab’ pour le dessert, qui auront échappé à mon attention, légèrement perturbée par un pain perdu ramassé en pleine la face (je pense qu’il était légèrement rassis).
A ce moment, difficile de savoir si nous sommes ou non rassasiés : très bon mais un peu court, comme trop de parties de jambes en l’air!
Epilogue
L’énergie mêlée à la provocation généreuse que dégage Sexy Sushi avait toutefois laissé supposer que ça ne perdurerait pas, en 2005, la première fois que je les vis, dans un rade alternatif de Toulouse, rempli d’une centaine de punks à chiens, LGBT et précaires décadents de tous poils, la plupart issus duClandé.
Presque 10 ans après, ils sont toujours là. « Ils tournent en rond » diront certains…Mais d’autres rétorqueront aussi qu’ils ont, entre temps, réussi à fédérer un public beaucoup plus large, et ce sans la moindre concession: un son toujours aussi électroclash cradingue, les paroles explicites et un sex appeal à faire rougir les plus infernaux exhibitionnistes. Par la même, ils se sont taillés une jolie notoriété dans le rayon « Variété française exportable, dans le rayon Tradition de votre hypermarché préféré ! »
Et quoi de plus jouissif que de voir ces nanas de tous horizons se lâcher comme des amazones, sans être obligatoirement apparentées aux Femen….Et pour tout ça , je dis quand même « Chapeau bas, les mecs ! »